Caroline nous invite à montrer la poupée que nous préférions. Je ne me souviens pas si j’avais une préférée mais ce qui me revient en mémoire c’est le moment du coucher. Qui dira l’immense sentiment de culpabilité de la petite fille qui n’a pas couché et couvert sa ou ses poupées. Impossible de s’endormir le cœur léger, là par terre, les jambes en l’air la petite délaissée a froid, mais la fillette est si bien au creux de l’édredon qu’elle ne va quand même pas se lever pour mettre au lit 500 grammes de bakélite inanimée. On se tourne et retourne, rien à faire le sommeil ne viendra tant que son devoir de future maman ne sera pas accompli. Et c’est ainsi que même la plus garçon manqué qui soit ne peut se coucher sans avoir bordé ses filles.
Ma parole c’est dans les gènes, les chromosomes mémoires où je ne sais quoi ! A-t-on jamais vu un petit garçon se mettre au lit après avoir sorti la poubelle ? Au pire il mettra sa petite voiture au garage mais jamais avec une couverture dessus.
55 ans plus tard je ne me couche jamais sans avoir fait la tournée des chambres. Il faut rentrer la jambe d’Henri, recouvrir Victor qui dort avec une extrème application, pour Arthur il faut supposer qu’il est bien dans son lit car on ne voit rien, à peine une forme aplatie. Quant à Eugénie la turbulette me prive du plaisir de la recouvrir. Je suppose que la femme des cavernes en faisait autant, allant au jugé remettre une peau de bête sur un enfant agité de rèves de mamouths.
N’ayant pas de photos de ma poupée j’offre à vos regards ebahis le dénommé Papouf qui a fait le bonheur de Fille Unique pendant des années, il est hideux et me sert de mannequin pour Eugénie. la photo est moche aussi.